samedi 25 octobre 2008

Dualismes


Bientôt j'aurai fini de lire Le cheval dans la salle de bains de Douglas Adams (oui, c'est un très bon livre et je vais peut-être donner une autre chance au Guide Galactique!)
Et comme il est question de fantômes dans ce livre, je suis renvoyée à cette question de dualisme, de double aspect, de double substance, bref, la question de savoir si le corps et l'esprit peuvent être séparés. Dans le livre, un fantôme peut prendre possession du corps de quelqu'un, mais en quelque sorte il possède encore plus son esprit puisqu'il parle à travers lui. L'autre a donné son accord au fantôme et reste là, à côté, à l'intérieur, en fait, je ne sais pas où il reste, mais il est quand même là, le propriétaire original du corps. Un peu comme Malkovich est là quand les autres personnes sont en lui et voient le monde à travers lui.
Je me demande comment cette histoire de fantôme peut nous plaire à ce point. Gilbert Ryle avait - comme chacun sait- appelé la théorie de Descartes celle du "ghost in the machine". Comment aurions-nous quelqu'un à l'intérieur de nous qui serait nous et nous ferait agir? Comme si un fantôme prenanit possession de nous?
Encore une fois, je pense à Bergson qui dit que le cerveau est l'organe qui nous détermine à l'action dans le monde, qui nous permet donc d'interagir avec notre environnement. Pourquoi ne serions-nous pas un tout? Pourquoi penser cette séparation corps/esprit? Pour la première fois, je rejoins un peu Dennett dans ses réflexions. En même temps, les histoires de fantômes sont amusantes, et Bergson lui-même y croyait.

Bon colloque!

mercredi 22 octobre 2008

points de vue



"La subjectivité continue à poser un problème délicat, même si l'on a admis que les points de vue et les expériences subjectives font partie du monde réel- même si l'on a reconnu que le monde est peuplé de gens qui ont des esprits , des pensées, des sensations et des perceptions qui ne peuvent pas être pris en compte par la conception physique de l'objectivité. Admettre ce fait général ne régle pas le problème, resté inexpliqué, de la subjectivité particulière. Conçu de cette façon, le monde, bien qu'il contienne une extrême diversité de types de choses et de perspectives, est toujours a-centré. Il nous contient tous, mais aucun de nous n'occupe de position métaphysique privilégiée. Pourtant, chacun d'entre nous, s'il réfléchit à ce monde a-centré, doit admettre que, dans sa description, l'on semble avoir omis de mentionner un fait de taille: le fait que s'y trouve une personne particulière qui n'est autre que lui-même."

Thomas Nagel, Le point de vue de nulle part

dimanche 19 octobre 2008

Idée de l'Europe


Le colloque qui avait lieu à Nantes le 17 octobre, organisé par Ari Simhon et Jean-Marie Lardic portait sur l'Europe et la phénoménologie.
J'ai appris que l'idée de l'Europe est une idée grecque- l'idéal humaniste d'une société intelligente- à laquelle tout peuple intelligent peut adhérer. Mais cette idée, cet idéal n'a apparemment pas souffert de la Seconde Guerre Mondiale qui a dû normalement endommager cet idéal où on a assisté à un massacre de tout ce qu'un idéal européen peut représenter. A quoi sert une idée si elle n'est pas mise à l'épreuve du réel? Que devient la dialectique hégélienne alors? Le réel doit agir sur l'idée, la remettre en question, permettre de penser les rapports entre les personnes, permettre de repenser la démocratie, la renforcer? La construction d'une communauté européenne va dans le sens d'une conciliation, pour éviter que les peuples européens ne s'assassinent entre eux ou à l'intérieur, me semble-t-il. Ce colloque semblait dire que l'idéal grec (et j'aimerais que l'on m'explique en quoi c'est encore une idée grecque de nos jours) n'était pas mis en danger par ce qui arrive, parce que l'idéal se déploie dans un monde idéal. Je doute que cette pensée élitiste d'une philosophie au-delà du réel nous fasse beaucoup de bien.

mardi 14 octobre 2008

Gerard Edelman au sujet du cerveau


Gerard Edelman est prix Nobel de médecine. Ses réflexions et découvertes au sujet de la conscience font de lui une autorité dans le domaine du lien entre le cerveau et la conscience.
Un petit extrait de son livre Consciousness, How matter becomes imagination:


'There is something special about consciousness. Conscious experience arises as a result of the workings of each individual brain. It cannot be shared under direct observation, as the physicist's objects can be shared. Thus, studying consciousness presents us with a curious dilemma: Introspection alone is not scientifically satisfactory, and though people's reports about their own consciousness are useful, they cannot reveal the workings of the brain underlying them. Yet, studies of the brain proper cannot, in themselves, convey what it is like to be conscious. These constraints suggest that one must take special approaches to bring consciousness into the house of science."


Donc, inviter la conscience dans la maison de la science? Comment peut-on faire cela sans passer par sa popre conscience? Encore une fois, comment peut-on isoler la conscience qui semble être une faculté, une don d'être présent dans le monde comme la vie, pour en faire un objet?

dimanche 12 octobre 2008

Bergson en question

Si la conscience est avant tout mémoire, nous avons du mal à la distinguer de la perception. C'est sans doute un des points de discorde entre Merleau-Ponty et Bergson. Le point de vue de la faculté de connaissance pourrait bien être déterminant pour toute la recherche philosophique ou scientifique. Cela dépend de comment quelqu'un pense la relation de l'homme au monde. Si c'est une perception ce sera une attitude qui prend, saisit (greifen) les choses par les sens et ce qui nous met ainsi en rapport avec les choses et les modifications de température, d'états, de couleurs. S'il s'agit de l'esprit, on va privilégier la pensée, les concepts (une autre manière de saisir (greifen) par la pensée, par la distinction, par l'opposition, de l'affirmation et de la négation). On peut aussi supposer un entendement, une intelligence, une faculté intuitive qui réunit ces rapports au monde et en font une relation quasi symbiotique, immédiate avec le monde. William James et Henri Bergson ont nommé ceci l'expérience radicale. Un être dans le monde qui n'est pas fixe, que l'on ne peut pas arrêter sur un aspect de la Wahrnehmung, la vie serait ainsi tout entière expérience radicale et sentir et penser en essayant de ne jamais arrêter le devenir sur aucun aspect.

samedi 11 octobre 2008

Négation de la négation


Dans nos discussions, A doit toujours être égal à non-non-A. Mais moi je pense que quand on nie, et peu importe si la négation fait effectivement de la chose ainsi niée un non-être, nous sommes transposés toutefois dans un espace qui nie donc où les choses sont indistinctes, donc, pour revenir à une affirmation c'est très difficile!

A ce propos, un cours de Shadokologie en oeufologie peut être bien utile! D'où théorème...

vendredi 10 octobre 2008

Couleurs



C'est difficile de choisir les meilleures couleurs! Wittgenstein a beaucoup réfléchi sur la question des couleurs, et Jean-Maurice Monnoyer avait à son tour réfléchi sur la question des couleurs chez Wittgenstein! Quand je serai rentrée à Paris, je relirai un peu au sujet de ces questions.
A mon avis, la couleur fait référence à une faculté très particulière de notre perception , et très difficile à expliquer, par exemple à un enfant. Quand on lui montre un éléphant rouge, comment lui faire comprendre qu'est-ce qui est rouge et qu'est-ce qui est un éléphant s'il n'a jamais auparavant appris à nommer ni l'un ni l'autre?

mercredi 8 octobre 2008

Conscience de la conscience


Pour revenir encore un peu sur l'excellent film Dans la peau de John Malkovich: Le problème de l'étude de la conscience comme objet scientifique est très bien illustré par la scène dans laquelle John Malkovich est plongé dans sa propre conscience et dès lors, le monde devient pour lui fait de Malkovich.


L'entreprise des neurosciences, (et je sais, je me répète) de vouloir isoler, expliquer la conscience comme un fait neutre bute sur la conscience du scientifique même. Peu importe qui veut analyser une conscience fait nécessairement face à sa propre conscience, à sa propre vision des choses. Sa conscience se dédouble en quelque sorte dans une autre conscience qu'il considère comme neutre, mais les deux consciences vivent et ce qu'elles perçoivent ne peut pas entrer dans un cadre d'analyse, la perception est trop riche, trop créatrice (comme le montrent d'ailleurs les études de Dennett lui-même sur la fovéa- la zone centrale où la vision est la plus précise- et la vision périphérique qui montre que nous inventons une grande partie de l'image que nous voyons, à ce sujet par exemple: Chris Frith, Making up the mind, How the brain creates our mental world.)

Encore une fois, nous faisons appel à Bergson pour nous sauver de cette aporie:

"En vain nous poussons le vivant dans tel ou tel de nos cadres. Tous les cadres craquent. Ils sont trop étroits, trop rigides surtout pour tout ce que nous voudrions y mettre. Notre raisonnement, si sûr de lui quand il circule à travers les choses inertes, se sent d'ailleurs mal à son aise sur ce nouveau terrain. On serait fort embarrassé pour citer une découverte biologique due au raisonnement pur. Et, le plus souvent, quand l'expérience a fini par nous montrer comment la vie s'y prend pour obtenir un certain résultat, nous trouvons que sa manière d'opérer est précisément celle à laquelle nous n'aurions jamais pensé".

Henri Bergson, L'évolution créatrice, Introduction, p. III., Ed. Félix Alcan, 1930.

Si nous mettons face à face le problème de la science qui isole et explique et la vie qui déborde notre faculté de comprendre, de penser et de percevoir de tous côtés, nous sommes devant un dilemme. La conscience est ce qui nous permet d'être dans le monde et d'avoir le monde en nous. Si nous prenons cette faculté comme objet, nous tombons forcément dans la démarche de Descartes. Et ceci explique aussi pourquoi les neurosciences sont si proches de Descartes et de la phénoménologie. Faire de la philosophie une science de la conscience, cela ne marche pas très bien sans mouvement, sans vie, sans pensée et sans dialectique. Car Dennett et ses amis oublient qu'il ne s'agit pas d'un théorème ou d'une propriété physique, mais d'un élément capital d'un organisme vivant. La conscience comme objet d'étude multiplie et dédouble le moi au lieu de le supprimer.

Entre les bornes


la conscience, encore


Encore une fois, je suis étonnée de lire ce que je lis quand je lis Daniel Dennett. C'est très difficile à expliquer. La conscience, dit-il est le cerveau, ou pour parler comme lui "the mind IS the brain".
Bon, j'ai déjà du mal avec cette idée, et Bergson dit bien que ce n'est pas possible parce que la nature a une économie; elle ne crée pas deux fois la même fonction. Le cerveau n'est pas égal à la conscience. Mais quand Dennett dit que l'on peut prendre la conscience comme objet de connaissance, donc l'étudier comme quelque chose qui serait extérieur à la conscience, je me dis toujours que c'est impossible parce que tout est dans le sytème de la conscience et que nous ne pouvons rien connaître sans la conscience. (Whitehead semble avoir le même problème en essayant d'approcher la nature telle quelle, sans conscience. Ou encore William James qui cherche l'expérience radicale.)
Pour étudier la conscience il faudrait la dépasser à mon avis mais tout en l'admettant, comme Hegel par la dialectique, ou Freud par le narcissisme qui est dépassé par la rencontre de l'autre et l'amour, ou Joyce dans le déploiement du Soi dans le monde, mais Dennett, je ne comprends pas, cela ressemble beaucoup trop à une entreprise cartésienne d'un ego absolu qui est partout et enferme le Moi dans son propre monde. c'est difficile.
Quelqu'un a-t-il des idées sur ces questions?

Réponse et autres choses

Oui, les entrelacs! Donc, nous avons deux faces, celle qui touche et celle qui est touchée qui sont en fait la même face, vue d'un angle différent et on revient à la question des points de vue. C'est ici encore plus fascinant parce que le point de vue change en lui-même tout en restant le même. Ceci rejoint la question de l'identité de la personne, changeante parce qu'elle varie d'un instant à l'autre tout en restant la même vue de l'intérieur, elle revient toujours sur soi comme dans un mouvement naturel. La limite entre ce qui est privé et ce qui est public devient floue, elle nous met dans la relation à l'autre comme dans un seuil! Nous sommes jetés dans un rapport toujours fluide. Un instant nous donnons à l'autre, en même temps nous nous retrouvons pour donner, et recevoir? On est peut-être plus heureux quand on n'essaie pas de se fixer sur un état mais en acceptant cet entre-deux comme une frontière qui coule. (le seuil)

lundi 6 octobre 2008

La conscience, le moi et l'expérience subjective


Quand nous réfléchissons sur la conscience, nous réfléchissons nécessairement sur notre conscience propre. Ou bien, la conscience serait ce que nous partageons avec tout le monde? Une discussion entre Hegel et Wittgenstein sur le langage privé ( que nous ne pouvons pas développer parce que le langage doit être un système de liens, d'où le langage privé devient public dès qu'il est un langage) ou l'expression du Moi qui est ce que nous avons en commun avec tous (Alle Menschen haben es mit mir gemeinsam, Ich zu sein comme le dit Hegel ) aurait été intéressante à suivre. Tous les hommes sont des moi, ou bien, tous les hommes ont un moi, ou tous les hommes sont moi.
Mais est-ce une expérience radicalement privée (privée de quoi?) ou bien l'expérience la plus publique, la plus commune, parce qu'elle est la plus partagée?
Récemment, au colloque sur Merleau-Ponty à Toronto, il y avait James Mensch (Professeur à St Francis Xavier University, Nova Scotia, Canada) qui parlait de ça. Et lui, pensait plutôt comme Thomas Nagel que l'expérience subjective est et reste radicalement fixée sur un Moi parce que ce que chacun ressent en pensant, ressentant, percevant, personne d'autre ne peut le faire à sa place. (Je suppose que Troi va ici penser à Zizek et ses développements sur les rires enregistrés dans les séries américaines).
(Slavoj Zizek, La subjectivité à venir, Champs Flammarion, 2006)

Et aussi le formidable Donald Davidson, Subjective, Intersubjective, Objective, Oxford University Press, 2001
qui fait miroiter les questions concernant la subjectivité dans le domaine du langage et l'intention qui se concentre dans la personne qui prend la parole. Par l'échange des subjectivités, peut-on dire que l'on tend vers une objectivité?

dimanche 5 octobre 2008

Parlez-moi des seuils


APPEL A CONTRIBUTIONS
CALL FOR CONTRIBUTORS

SEUILS, SOGLITUDES -THRESHOLDS, SOGLITUDES

Numéro dirigé par

Tatjana Barazon,
Docteur en Philosophie de Paris IV-Sorbonne



THRESHOLDS, SOGLITUDES

This is an invitation to meditate on thresholds, the space where we enter a house and where we leave it, it is where we don’t dwell. The threshold designates the passing from one state to another, from the inside to the outside, or the point where things start to become different. A threshold is a step to overcome, a passage in itself, a moment of opening significant in anthropology of rituals, a hyphen that separates and unites at the same time.
Nevertheless, in philosophy, the threshold also expresses the human condition itself, a state that we never leave, a state we should not even try to overcome because it concentrates our whole being. The threshold would then be a “zone” as Walter Benjamin calls it, a space where man evolves, always “in between”. On the threshold of the other, as in Martin Buber’s thought, or always on the verge of becoming as Henri Bergson describes “the creation of the self by the self”, the state of the human condition is on the threshold of being. The Hegelian becoming also is a threshold, the overcoming of the self in a dynamic momentum.

In order to introduce the threshold as a technical term in philosophical vocabulary, we suggest the theme of “soglitude”, taking its etymology from the Italian word soglia for threshold and the consonance of the solitary state of the human condition, a loneliness however that always leads to another world, another being, or matter, or even colour. Forever on the threshold of the other, the other person he encounters or the other world he discovers, man is always in between things, interacting and creating a symbiosis with the world in which he evolves. The state on the threshold, the “soglitude”, could well be the deep tonality of the human condition itself. Not a temporary state but rather the expression of the passing and becoming all in one, the movement and the stillness, the link between time passing and the moment that escapes us.

More than a call for papers, this is a call for meditations. From all corners – philosophy, social sciences, mathematics, physics, chemistry, medicine, poetry, literature or other – we invite you to give your liminary (or “soglitary”) point of view.

Abstracts shall reach us by December 15th 2008 and be approximately 500 words long. Authors will be notified by January 15th. We expect your papers that will not exceed 10 000 words by March 30th 2009. The articles will be submitted to a reading panel.
We accept submissions in French or English.

Please send your submission to the following addresses:
soglitudes@gmail.com [ and!]
c.memorielles@celat.ulaval.ca

For further information, visit the Web site:
http://www.celat.ulaval.ca/histoire.memoire/revue.htm



SEUILS, SOGLITUDES

Ceci est une invitation à méditer sur le seuil. Le seuil est un terme qui renvoie au passage d’un état à un autre. C’est surtout l’espace qui permet d’entrer dans une maison et d’en sortir, là où l’on ne demeure pas. Un seuil c’est une étape à franchir, un passage en lui-même, un temps liminaire d’ouverture si particulier en anthropologie des rituels, ce trait d’union qui sépare et unit à la fois. Le seuil désigne le moment avant de passer à un autre état, quand on est sur le point de changer, ni le précédent ni le suivant, mais un entre-deux. Un éternel présent qui se pose néanmoins dans le devenir.
Dans le domaine de la philosophie, le seuil désigne la condition humaine, un état que l’on ne dépasse justement pas. Non pas une étape à franchir, mais plutôt une « zone », comme le dit Walter Benjamin, ou encore un espace dans lequel l’homme évolue, toujours « entre ». Le seuil exprime l’éternel devenir comme un passage qui n’est pas un état transitoire mais est lui-même devenir dans le sens de Bergson d’une création de soi par soi. L’homme serait ainsi toujours au seuil de l’être. Le devenir hégélien est lui aussi un seuil, un surpassement de soi dans un moment dynamique.

Pour introduire le seuil comme terme technique dans le domaine philosophique, nous proposons le thème de la « soglitude », empruntant l’étymologie au terme italien soglia pour ‘seuil’ et la consonance avec l’état solitaire de l’homme. Toujours au seuil de l’autre, qu’il s’agisse de l’autre dans la rencontre ou de l’autre dans un sens plus universel concernant l’interaction, la symbiose avec le monde, l’homme se trouve toujours dans un entre-deux que l’on ne saurait qualifier de temporaire. Au lieu d’une étape à franchir, le seuil pourrait bien être la tonalité fondamentale de notre être.

Plus qu’un appel à communications, ceci est un appel à méditations sur la soglitude comme état profond de l’homme, à travers tous les points de vue, tous les domaines scientifiques, ou poétiques. Cet appel est ainsi ouvert à des contributions de toutes les disciplines – qu’elles proviennent des sciences sociales, expérimentales, de la philosophie ou de la littérature ou autres – qui voudraient bien apporter leur point de vue liminaire.

Les propositions de contributions (500 mots) sont attendues pour le 15 décembre 2008. Les auteurs retenus seront avertis jusqu’au 15 janvier 2009.

Les articles des propositions retenues (maximum 10 000 mots) seront attendus pour le 30 mars 2009. Les articles seront évalués par un comité de lecture. Les contributions seront acceptées en français et en anglais.


Veuillez envoyer votre proposition de contribution impérativement aux deux adresses suivantes :

soglitudes@gmail.com [et!]
c.memorielles@celat.ulaval.ca

Pour plus d’informations, consultez le site Web de la revue :
http://www.celat.ulaval.ca/histoire.memoire/revue.htm

Malkovich, Descartes, Husserl

Qu'est ce que cela fait-il d'être soi? Est-ce que nous "savons" ce que cela fait? Ou bien en avons-nous une intuition que nous ne pouvons pas communiquer?
Mais que cela fait-il d'être soi et d'être soi encore une fois quand nous entrons dans notre propre conscience?
Cela fait sans doute plein de Malkovich:


Qui pense ici à Descartes? Ou à l'ego transcendantal de Husserl?

bonbons

Les choses et la nature, le mouvement

"Nous pouvons , par exemple, concevoir la Nature comme composée de choses permanentes: des fragments de matières se mouvant dans l'espace, lequel serait vide sans eux. Cette façon de se figurer la Nature s'accorde manifestement avec l'observation du sens commun: il y a des chaises, des tables, des morceaux de rocher, des océans, des animaux, des végétaux, des planètes et des soleils. L'identité persistante d'une maison, d'une ferme, d'un animal est une présupposition qui sert de fondement à nos rapports sociaux. La théorie du droit l'assume. Elle est à la base de toute littérature. Un fragment de matière est donc conçu comme un fait passif, une réalité individuelle qui demeure pareille à elle-même dans l'instant ou pendant une seconde, une heure ou un an. Une réalité matérielle et individuelle de ce type sert de support aux différentes quaités, qu'il s'agisse de la forme, du déplacement, de la couleur, de l'odeur...Ce qui se produit dans la Nature consiste en des modifications de ces qualités et, singulièrement, en des modifications mécaniques. Les rapports entre ces fragments de matière sont de pures relations spatiales. L'importance du mouvement provient donc de ce qu'il modifie l'unique mode de relation que les choses matérielles ont entre elles."

Alfred North Whitehead, Nature et Vie dans La fonction de la raison, Payot, 2007, p.170


Le mouvement modifie le rapport que les choses ont entre elles parce que les choses ne demeurent pas égales à elles-mêmes éternellement, elles changent et elles sont en mouvement, tout en gardant une persistance dans l'être pour suffisamment longtemps pour nous permettre d'en parler, ce serait inquiétant que la chaise change de forme quand nous sommes en train de dire "chaii"...

vendredi 3 octobre 2008

Le corps, la maison (suite)


"Toute vision d'un objet par moi se réitère instantanément entre tous les objets du monde qui sont saisis comme coexistants parce que chacun d'eux est tout ce que les autres "voient" de lui. Notre formule de tout à l'heure doit donc être modifiée; la maison elle-même n'est pas la maison vue de nulle part, mais la maison vue de toutes parts. L'objet achevé est translucide, il est pénétré de tous côtés par une infinité actuelle de regards qui se recoupent dans sa profondeur et n'y laissent rien de caché."

Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Le corps, p.83.

La dialectique de Hegel transposée à la perception? Chaque chose est ce qu'elle est par les autres, Sartre? Ce que la chose est c'est ce qu'elle est par rapport à ce qu'elle n'est pas. Une négation qui devient affirmation. La négation de ce que la chose n'est pas, c'est la chose elle-même? Mhhhh....

La perspective et une vision de nulle part : Merleau-Ponty rencontre Thomas Nagel



"Voir, c'est entrer dans un univers d'êtres qui se montrent, et ils ne se montreraient pas s'ils pouvaient être cachés les uns derrière les autres ou derrière moi. En d'autres termes: regarder un objet, c'est venir l'habiter et de là saisir toutes choses selon la face qu'elles tournent vers lui. Mais, dans la mesure où je les vois elles aussi, elles restent des demeures ouvertes à mon regard, et, situé virtuellement en elles, j'aperçois déjà sous différents angles l'objet central de ma vision actuelle. Ainsi chaque objet est le miroir de tous les autres. Quand je regarde la lampe posée sur ma table, je lui attribue non seulement les qualités visibles de ma place, mais encore celles que la cheminée, que les murs, que la table peuvent "voir", le dos de ma lampe n'est rien d'autre que la face qu'elle "montre" à la cheminée. Je peux donc voir un objet en tant que les objets forment un système ou un monde et que chacun d'eux dispose des autres autour de lui comme spectateurs de ses aspects cachés et garantie de leur permanence. Toute vision d'un objet par moi se réitère instantanément entre tous les objets du monde qui sont saisis comme coexistants parce que chacun d'eux est tout ce que les autres "voient" de lui."

Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Le corps, p.82-83



Ce développement de la Phénoménologie de la perception fait penser aux Investigations de Husserl et au Point de vue de nulle part de Thomas Nagel, et bien sûr aux points de vue des monades de Leibniz.
Les choses ont leur point de vue, qu'elles soient animées ou pas, elles se donnent chacune un point de vue de l'univers parce que chaque chose est placée à un endroit, occupe une place dans le monde à partir duquel elle a un point de vue unique qu'elle ne partage avec personne, comme son destin, ce point de vue ne rendra compte uniquement de son propre être, de son existence, de son être présent dans le monde. Mais cette présence n'est pas fixe, l'endroit est changeant, tout comme l'est donc le point de vue!

jeudi 2 octobre 2008

Toronto et Montréal, deux villes de seuils





Le jardin botanique à Montréal, L'école de Design à Toronto, l'université de Toronto (je crois) et encore une fois le jardin botanique de Montréal.

La ville et les fils électriques


Parfois, la ville est comme emprisonnée dans un filet de fils électriques. Nous avons cela à Vienne à cause du tramway surtout, aussi à Toronto. Quand nous avons fait nos recherches pour le film sur la ville, on cherchait souvent des images particulièrement parlantes de cette façon de nous cacher le ciel. Papi, hier ist ein Stück Toronto mit demselben Problem!

Soglitude


Bientôt, j'aurai la chance de diriger un numéro de la revue Conserveries Mémorielles du département d'histoire de l'Université Laval (Merci beaucoup, Vincent!)
Donc, je peux enfin proposer mon merveilleux mot: "la soglitude". C'est selon moi, l'état (ou la condition comme dit Troi- la condicio!) de l'homme, il est "au seuil" donc soglia (seuil en italien). Il n'est jamais fini ou accompli, toujours en "création", toujours en devenir dans un moment dynamique, pour essayer de concilier Bergson et Hegel dans une seule phrase. La solitude, parce que face au monde et entrelacé avec le monde, l'homme reste cependant seul à choisir ses actes et à se mouvoir et à s'émouvoir.
L'appel à communication sera bientôt mis en ligne. Avis à tous les amateurs de seuils.