samedi 27 septembre 2008

Merleau-Ponty et l'époché phénoménologique

"Toute la vie de la conscience tend à poser des objets, puisqu'elle n'est conscience, c'est-à-dire savoir de soi, qu'en tant qu'elle se reprend et se recueille elle-même en un objet identifiable. Et pourtant le position absolue d'un seul objet est la mort de la conscience, puisqu'elle fige toute l'expérience comme un cristal introduit dans une solution la fait cristalliser d'un coup."

Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Le corps, p.86.


Est-ce que Merleau-Ponty veut ici parler du problème que pose l'époché, la suspension du jugement en un moment absolu? La mort de la conscience correspond à la contemplation figée d'un moment qui devient absolu en se dilatant à l'infini. Si la conscience se prend elle-même comme objet en s'identifiant elle s'immobilise. Mais la position absolue d'un objet, peut-on la connaître? Existe-t-elle? Peut-être la position absolue est-elle la position dans le flux des événements? Le changement, le devenir, une position absolue?

6 commentaires:

  1. Je dois vraiment être à côté de mes pompes, mais c'est pas grave ! Je prendrai le risque de me faire juger.
    Cette contemplation dont vous parlez, c'est dans le fond un peu comme un éblouissement ? "Poser des objets" comme le dit Merleau-Ponty, j'ai l'image d'un photographe et de son flash, mais dès qu'on retourne "l'appareil photographique" contre soi, on s'éblouit à un point tel qu'on ne prend pas conscience de ce que l'on a fait pendant la prise de photo. Mais bon, on peut le voir après avec la photo... la question est plus de savoir s'il existe un tel "appareil photographique" et si la photo prise sera un point de vue absolu sur l'objet... Dans le fond, il faudrait prendre constamment l'objet en photo. Mais encore là, il faut se demander si on aurait pas un point de vue figé sur un objet seulement ébloui... On aurait une infinité de photos de chevreuils éblouis pas les phares des voitures qui vont les écraser, ou d'insectes attirés par les lampes électrifiés. Bref, un objet absolument formaté. C'est comme un message qui s'autodétruit à la lumière, ou comme les yeux qui deviennent rouge, se formate, dès qu'ils rencontrent le flash. On protège toujours la vérité sur notre être.
    Votre question semble en fait quasi mystique : peut-on regarder la lumière ? Peut-on regarder la lumière en y voyant clair, sans se brûler les yeux ? L'objet est-il voué à l'ombre ? Il aurait peut-être toujours un angle mort, un interdit. Pour le transgresser, il faut mourir. Dans le fond, ceux qui le savent, ce sont ceux qui se sont lancer dans le feu. Sinon les photographes réussissent à voir dans le noir complet grâce une lampe à l'iode.
    J'aime votre dernière phrase. C'est "brillant". L'objet se révèle (comme l'image sur le papier photographique) nécessairement après coup et dès lors, il n'est déjà plus. Mais bon, moi après ça, la seule question que je me pose, c'est si ça serait plus beau sur papier mat ou lustré.
    Mais merci de vous occuper à vouloir développer nos photos. Moi, ça me dépasse...

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  2. La photographie est une bonne illustration du moment absolu en effet. Il y a quelque chose d'effrayant dans le moment figé sur l'image qui est absolu uniquement parce qu'il est figé et a donc la prétention de ne plus pouvoir être autrement. Il reste éternellement le même et se trouve dans le présent comme un fond de tous les moments qui passent.
    les chevreuils qui ont les pharses dans les yeux sont précisément là, au seuil du moment fatidique. Un appareil photo qui fige cet instant montrerait effectivement qu'il n'y a aucun autre moment possible. Dans ce sens, il sera dernier, mais pas absolu, plutôt ultime, infiniment projeté parce qu'il n'y en a pas d'autre.
    Mais le moment où la conscience s'identifie à elle-même est plutôt le moment où elle se jette dans le devenir. Car, si elle s'arrête sur un objet en voulant atteindre l'absolu, elle se fige et s'anéantit. La suspension du jugement - l'époché- se retire de la perception du moment vécu, et je me demandais si Merleau-Ponty n'était finalement pas tout à fait d'accord avec cette idée.

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  3. D'accord. Mais comment je fais pour répondre à ce questionnement si je n'ai pas lu Le corps de Merleau-Ponty ?

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. La photographie est en effet un bon exemple pour interroger le rapport entre les objets, le temps et nous. L'idée d'un appareil photo infinie est intéressante parce qu'on peut pas construire la fixation universelle d'un objet à un instant précis sans que ce processus même de fixation ait un effet sur l'objet lui-même. En fait la photographie n'est jamais l'instantané qu'elle prétend être, elle est toujours elle-même dans la durée, dans le mouvement des objets qui se lient et se délient continuellement et fabriquent ainsi le temps et l'espace.

    En tout cas, c'est ce qu'il me semble.

    Je trouve aussi que ce blog a de très belles couleurs

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  6. oui c'est bien, tu introduis le principe d'incertitude dans la photographie, tu ne peux pas faire une photo sans l'appareil qui lui a une influence sur la vie du chat et ce qui change tout à chaque fois que l'on prend une photo!

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