dimanche 5 octobre 2008

Les choses et la nature, le mouvement

"Nous pouvons , par exemple, concevoir la Nature comme composée de choses permanentes: des fragments de matières se mouvant dans l'espace, lequel serait vide sans eux. Cette façon de se figurer la Nature s'accorde manifestement avec l'observation du sens commun: il y a des chaises, des tables, des morceaux de rocher, des océans, des animaux, des végétaux, des planètes et des soleils. L'identité persistante d'une maison, d'une ferme, d'un animal est une présupposition qui sert de fondement à nos rapports sociaux. La théorie du droit l'assume. Elle est à la base de toute littérature. Un fragment de matière est donc conçu comme un fait passif, une réalité individuelle qui demeure pareille à elle-même dans l'instant ou pendant une seconde, une heure ou un an. Une réalité matérielle et individuelle de ce type sert de support aux différentes quaités, qu'il s'agisse de la forme, du déplacement, de la couleur, de l'odeur...Ce qui se produit dans la Nature consiste en des modifications de ces qualités et, singulièrement, en des modifications mécaniques. Les rapports entre ces fragments de matière sont de pures relations spatiales. L'importance du mouvement provient donc de ce qu'il modifie l'unique mode de relation que les choses matérielles ont entre elles."

Alfred North Whitehead, Nature et Vie dans La fonction de la raison, Payot, 2007, p.170


Le mouvement modifie le rapport que les choses ont entre elles parce que les choses ne demeurent pas égales à elles-mêmes éternellement, elles changent et elles sont en mouvement, tout en gardant une persistance dans l'être pour suffisamment longtemps pour nous permettre d'en parler, ce serait inquiétant que la chaise change de forme quand nous sommes en train de dire "chaii"...

1 commentaire:

  1. Avant d'essayer de saisir un phénomène, ce qui vraisemblablement est impossible, il est utile d'analyser cet essai. Primo: L'homme donne à chaque phénomène un nom. Ceci est nécessaire pour pouvoir en parler, pour pouvoir faire des reflections au sujet du dit-phénomène. Les langues ont raison de parler de Be-griff, de Con-cept, de com-prendre, vu que greifen, capere et prendre ne disent ni plus ni moins que le phénomène est pris pour être transporté dans la conscience.
    Secundo: Le fait de donner un nom à un phénomène ne dit pas que le phénomène soit saisi, soit com-pris dans sa totalité. On pourrait formuler omnis affirmatio est falsificatio. Il s'agit simplement du greifen.
    Tertio: Ce saisissment porte en soi un caractère important que Spinoza a bien caracterisé en précisant que omnis affirmatio est negatio. En nommant un phénomène on nie par le fait de l'appellation tous les autres phénomènes, tout en étant incapable de rendre compte à la totalité du phénomène nommé. Le concept reste le concept de celui qui conçoit.
    Quarto: La réalisation du fait que omnis affirmatio est negatio facilite la pensée. Un quelconque phénomène abordé par une quelconque conscience est compris comme fragment - pour suivre Whitehead - , mais ce fragment en soi est un phénomène qui est limité par tous les autres phénomènes, le reste du monde est donc le non-fragment, le fragment lui-même le non-non-fragment.
    Quinto: À partir de ce fondement, qui résulte du fonctionnement de l'entendement humain, commence l'éternel effort d'améliorer la connaissance des phénomènes. Cet effort implique que l'homme se trouve toujours au seuil comme Tanja Barazon l'a si bien développé dans sa thèse.

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